dimanche 13 novembre 2011

Pourquoi surtaxer la princesse de Clèves ?

Voilà la TVA du livre portée à 7%, ce qui va induire une déflation culturelle : les libraires seront les premiers touchés, donc les éditeurs, donc les auteurs. Et avec eux la culture pour tous, que l’on pourrait pourtant qualifier de bien de première nécessité. Ce n’est pas l’avis de tout le monde : sous le libéralisme dit démocratique, la capacité de penser de critiquer et donc de décider de son sort, la capacité d’être un véritable individu (à distinguer de l’égoïsme de masse) est assimilée à une bizarrerie, voire un danger – en tous cas un mauvais calcul économique !
On sait bien ce que l’on va nous rétorquer : refuser la TVA à 7%, c’est refuser de participer à l’effort collectif. Ah ces écrivains, toujours prêts à ne pas faire comme tout le monde ! La démocratie, ils n’en veulent pas ! Égoïstes, nombrilistes qu’ils sont !
Pourtant, en refusant le livre taxé à 7%, ce n’est pas notre condition que nous souhaitons défendre. Pas seulement.
En refusant la TVA à 7% pour le livre, nous interpelons notre gribouille de la culture, celui-là même qui récemment encore se déclarait grand défenseur des libraires, comme il se déclara défenseur des auteurs après son accession au ministère ; qui conserve la TVA à 5,5% pour le livre numérique tout en acceptant que ses principaux bénéficiaires, Amazon et Apple (lesquels viennent de se mettre en cheville avec l’édition française) installent leurs sièges dans un paradis fiscal, le Luxembourg, afin d’échapper au grand effort national…
Ajoutons que l'augmentation de la TVA grèvera le budget de l'Éducation pour les manuels scolaires fournis gratuitement, l'État perdant ainsi ce qu'il percevra de l'autre côté, ou le budget des parents d'élèves quand les manuels sont à leur charge, et pour tous les livres le budget des bibliothèques publiques.
En refusant la TVA à 7% pour le livre, nous refusons de payer le coût de la politique des amis. Car on sait que les restrictions à l’ordre du jour ne toucheront pas les amis : ni les grosses entreprises, ni les banques (ou si peu !), ni les grosses fortunes. Autrement dit, les classes moyenne et ouvrière, écrivains compris, vont payer pour ce qu’elles ont déjà payé. C’est vraiment se foutre du monde !
Voilà pourquoi il faut s’opposer à la TVA à 7% pour le livre !

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